58e Biennale di Venezia

« May you live in interesting times » ou le moment vécu n’est pas si intéressant

Tous les deux ans, a lieu la Biennale d’art contemporain de Venise. C’est un événement international majeur de la création artistique contemporaine sous toutes ses formes. La Biennale est une organisation culturelle italienne qui propose un temps dédié à l’art contemporain, la danse contemporaine, l’architecture et le cinéma.
La Biennale d’Art contemporain se déploie en deux grandes parties :

  • l’exposition internationale : avec une thématique, un commissaire d’expo, des artistes contemporains invités et présentés sur deux sites à Venise, le pavillon de la Biennale et l’Arsenal Novo.
  • Les participations nationales : chaque pays représenté à la Biennale invite l’artiste de son choix à investir un lieu. En général, un pavillon dans les jardins de la Biennale.

Cette année, le thème de l’exposition internationale est « May You Live In Interesting times. » de Ralph Rugoff commissaire invité.

Venise et l’art contemporain, c’est le mélange parfait pour Ce Que Mes Yeux Ont Vu. Avec le temps, nous avons affuté notre œil, notre oreille et notre goût. Et nous avons été déçues de cette proposition. A travers une présentation d’œuvres hyper compacte – beaucoup d’artistes et beaucoup d’œuvres – on ressort plombées de cette vision du monde en transition. Les œuvres montrées sont dures, sombres et montrent un monde en transition vers le désastre. Rien de faux, ni d’inexact, mais des visions littérales de la chute des sociétés. Comme cet artiste chinois présentant un homme assis sur un siège d’avion en position de sécurité entièrement recouvert de T-shirt.
Certaines pièces virent au sensationnalisme avec « Can’t Help Myself», de Sun Yuan et Peng Yu ou la machine folle autant qu’inutile à balayer du liquide rouge. Autant relire Le mythe de Sisyphe de Camus ou revoir Sunshine Cleaning.

Et puis, au détour de l’Arsenal, caché dans le Giardini delle Vergini, une œuvre vidéo de Cyprien Gaillard nous dévoile que les vieux wagons de métro new-yorkais sont jetés dans la rivière à la fin de leur vie. Ces images, cette musique et le lieu en font un moment de poésie d’horreur, qui nous récompense avec le fait d’avoir autant marché pour arriver jusque-là.

S’il vous reste un peu d’énergie, vous pourrez aller découvrir les Pavillons nationaux où chaque artiste est invité par son pays. 76 pavillons pour cette 58e Biennale, présentés aux Giardini et dans des palais vénitiens dans la ville. S’enchaine une grande succession de propositions d’oeuvres d’artistes dans des contextes différents, qui finit par ressembler à un zonage sur Instagram. La médiation à la Biennale étant absente hors visite guidée et audioguide, le visiteur doit se contenter des textes des salles parfois encore plus obscurs que les œuvres elles-mêmes.
Dans ce bruit artistique, le Pavillon français accueille la très attendue Laure Prouvost. Une artiste qui présente une vidéo et un univers onirique qu’elle veut immersif. Une grosse production technique. Un effet un peu moins gros.
Le Pavillon belge propose  « Moving Backwards » la vidéo performance à l’envers du duo d’artistes Pauline Boudry et Renate Lorenz. Une installation qui questionne la perception du spectateur et, de manière plus large, le recul général de la société actuelle en matière de politique.
Comme dans toutes biennales, il y a aussi des prix décernés par un jurys d’experts. Le Pavillon lituanien remporte le Leone d’Oro pour le meilleur pavillon – un lion d’or ailé, symbole de Venise – pour son opéra-installation « Soleil et Mer » de Rugile Barzdziukaite, Vaiva Grainyte et Lina Lapelyte. Ce trio d’artistes montre la fatigue des hommes et de la planète à travers une scénographie en plongée, où le spectateur regarde la scène en contre-bas : des vacanciers sur une plage chantant leurs souvenirs. Ironie du sort qui illustre bien les temps intéressants que nous vivons : le Pavillon a déjà une récompense internationale mais pas assez d’argent pour que les performances chantées puissent avoir lieux jusqu’à la fin de la Biennale en novembre. A voir sans aucun doute.

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